Chroniques en Sarkozie

Après sa déculottée électorale aux municipales, SuperSarko a réagi en remaniant le staff de l'Elysée.

Mot d'ordre : on verouille !

Un nouveau est entré : Nicolas Princen, 24 ans, qui sera chargé de surveiller les blogs, sites d'information, vidéos sur le Net, parlant de son patron.

Mission : déminer les rumeurs  et faux-pas du Big Boss relayés en boucle.

Le magazine Le Point (27/03) précise que "sur les 10 000 billets quotidiens concernant le chef de l’Etat, 80 % sont critiques".

Du boulot en perspective pour inverser la vapeur !

La rigueur pointe son nez ! Mais chut ! Il ne faut pas le crier sur les toits.

Quelques chiffres :

- dette publique  : + 5,2% à 1.209,5 milliards d’euros fin 2007
Elle représente 64,2% du PIB (on est loin des 60% demandés par l'Union Européenne)

- déficit public : estimation revue à la hausse par le gouvernement (2,5% du PIB contre 2,3% prévu initialement).

Le ministre du Budget, E. Woerth, a trouvé le bouc-émissaire, "les collectivités locales" :«Il y a une augmentation du rythme de dépenses des collectivités locales» qui «ne dégagent pas suffisamment d’autofinancement pour financer leurs investissements, il y a un vrai problème".

L'argument est bien commode !

Faut-il rappeler à ce petit ministre qui a été le chantre de la décentralisation en 2003 ?
JP. Raffarin (UMP).

Source : Libération - 28/03

La Chancellerie sait recevoir !

Le contrôleur financier du ministère de la Justice s'est inquiété de dérives budgétaires concernant les frais de réception occasionnés depuis juin, dans ledit ministère. En décembre, le plafond des dépenses autorisées était dépassé de 30 % (soit une rallonge de 100 000 euros octroyée à l’automne !).

En ces temps de rigueur budgétaire (masquée), on appréciera les agapes de Madame Dati.

Source : Libération - 29/03

Trop fort, ce Sarko, qui prépare dès aujourd'hui la présidentielle de 2012. Après le très bucolique slogan "Mangez des pommes" de la campagne présidentielle de Chirac en 1995, voici :

                     "Casse-toi, pauvre con !"

Sûrement, ça fera un malheur, s'il ne corrige pas son image.

Didier Pleux, psychothérapeute, suggère à notre "président colérique" de "gérer cette émotion que tout son corps semble tenter de contenir" (Libération - 3/03).

C'est pas un coach qu'il va lui falloir, mais une dizaines dans les jours qui précèdent les municipales.

Revue des petites phrases (glanées dans le Canard Enchaîné - 27/02) :

"Tenez vos troupes, sinon cela risque de très mal se terminer pour nous."

"Mon équipe n'est pas adaptée aux périodes de tempête. Ils ne sont bons que sur mer calme. Pas assez politiques pour résister. J'ai toujours été trop gentil avec eux. Je les engueule, mais après je redeviens sympa, et ils recommencent leurs conneries de plus belle."

Un conseiller élyseen en rajoute :
"Depuis neuf mois, on gère une connerie par mois. Désormais, c'est une par jour, voire une par heure, et ça commence à faire beaucoup."

Tout est venu d'Emmanuelle Mignon, la directrice de cabinet de Sarko (Le Canard Enchaîné - 20/02), qui a émis l'idée de parrainner un enfant français victime de la Shoah, par un enfant de 10 ans !

Cynique, le chef de l'Etat confiait le 16/02 :
"Une fois de plus, j'ai créé le débat. C'est mon truc, ma stratégie : un déplacement [Ndr : au CRIF], une annonce. Pas un jour sans une proposition qui vienne de moi. J'ai entraîné mon équipe à ça."

On croirait, à l'entendre, avoir affaire à une course à celui qui se vautrera le plus dans l'obscénité !

Devant la montée des protestations, le rétropédalage ne s'est pas fait attendre : afin de déminer cette proposition explosive, Darcos proposa la création d'une commission (une de plus !).

Fin janvier, l'ambassade d'Allemagne commémorait le 45ème anniversaire de la signature du traité de l’Elysée, en de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne à cinq personnalités françaises, dont l'historien Marc Ferro.

Ce dernier a refusé cet honneur, avec tact et discrétion.

Je vous conseille de (re)lire la chronique de Pierre Assouline (30/01) qui relate les raisons de ce choix.

Notre hyperprésident serait particulièrement avisé de la lire.

Bercy planche sur un projet de créer un "Livret d’accessibilité bancaire" distribué par la seule Banque postale, afin de permettre aux pauvres (au nombre estimé à 400 000) de gérer leurs (petites) économies sans gêner les (grosses) banques dans leurs opérations.

La France sarkozyste prône la discrimination du portefeuille, à défaut de réussir à augmenter le pouvoir d'achat.

Libération (12/02) en précise le mécanisme :
" (..) si le Livret A cesse d’avoir sa mission d’accessibilité bancaire pour les personnes très modestes, il sera alors possible de rémunérer les banques à un taux très bas (0,4 %) au titre de leur collecte (contre 1,12 % actuellement en moyenne). Ce qui ferait gagner, 1 milliard d’euros a indiqué Christine Lagarde devant la Commission des finances de l’Assemblée."

Conclusion de Libération :

"Dès lors, le milliard d’économies est-il réel? En Commission des finances, la ministre a passé sous silence cet élément décisif du débat."

Encore un bel exemple d'amateurisme au sommet de l'Etat, que nous rapporte l'hebdomadaire Marianne (9/02) concernant le financement des réformes proposées par J. Attali.

Ce rapport décrit des mesures décisions qui "n'entraîn[eront] pas de dépenses supplémentaires" et "permettront au contraire de faire des économies", selon l'auteur du rapport.

Sauf que ...

Il faudra prévoir :

- 2 milliards d'euros pour "l'émergence de pôles universitaires d'excellence" avec 750 millions d'euros de fonctionnement par an à budgeter

- le "contrat d'évolution" pour les chômeurs sera financé par les 2 à 3 milliards d'euros de la formation professionnelle

- les 10 "écopolis" seront financées par les allocations logements des étudiants (250 millions), par la nationalisation du 1 % logement (1,4 milliard) et par la trésorerie des HLM (10 milliards)

Et les 15 milliards d'euros distribués chaque année pour le paquet fiscal ? 

Janvier 2008 : notre hyperprésident annonce la fin de la publicité comme source de financement de la télévision publique.
La décision est prise en petit comité, au sommet de l'Etat, avec notamment le conseiller spécial Alain Minc (au secours, il revient !).

Qui va financer le milliard de manque à gagner ? Les chaînes privées ? Les opérateurs de téléphonie mobile et d'accès à Internet ? L'usager via la redevance ?  (Le Monde - 12/02)

Faisons confiance au conseiller G.-M. Benamou (le nouveau Benny Hill de la politique française) :
"C'est pas grand-chose. C'est 800 millions (*). C'est facile à trouver."

Amateurisme !

En attendant, tout le service public s'est mis en grève le 13 février.

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(*) en réalité la facture se monte à 1,2 milliard d'euros !

Le 28 janvier, notre hyperprésident fêtait son anniversaire chez sa future épouse, en son hôtel particulier, sis au coeur de la (très riche) villa Montmorency (16ème arrondissement).

Que du beau monde pour cette sauterie : ministres (Kouchner, Yade, Dati, Hortefeux, ...), PDG (dont les incontournables Bouygues et Bolloré), vieux chanteurs (Sardou, Halliday).

Une tente a été dressée dans le jardin pour accueillir tout ce gratin.

Au menu : soupe d'artichaut aux truffes (de Guy Savoy), pâtes et pizzas, gâteau au chocolat et au café (de Guy Savoy).

Pour la boisson : haut-brion millésimé (350 à 700 € la bouteille).

Cette fête se voulait "sans chichis". C'est dire !

Source : Canard Enchaîné (6/02)

En 2007, 77 % des PDG des entreprises du CAC 40 ont vu leur rémunération augmenter de 40 % (Le Monde - 12/02).

On oublie qu'un petit patron a fait mieux ! + 172 % d'augmentation pour celui qui préside l'entreprise France.

On a des nouvelles de Daniel Bouton, (encore) PDG de la Société Générale, dont le salaire fixe avait cru de 25 % en 2007 (Le Monde - 12/02).

Il va bien ("Je ne vais pas trop mal").

La Société Générale va bien ("A chaque [crise], la banque en est ressortie plus forte").

Ses collaborateurs vont bien ("Notre moral est bon, les collaborateurs de la Société générale sont plus soudés que jamais").

Les clients vont bien ("Nos clients ont remarquablement réagi, ils nous témoignent chaque jour leur soutien.").

Ca roule pépère !