Une déclaration de candidature ratée
Est-il nécessaire de faire des tonnes pour se déclarer candidat à la magistrature suprème ?
Evidemment non ! Rappelez-vous la déclaration de candidature de F. Mitterrand en mars 1988 au journal télévisé d'Antenne 2. La première question posée portait sur ce sujet. Mitterrand y répondit par un "Oui".
J. Chirac fit de même lors d'une visite à Avignon en 2002, au détour d'une question posée par Marie-Josée Roig, maire d’Avignon.
A l'inverse, trop de simplicité peut conduire à l'effet inverse et donner l'impression d'une simple formalité administrative (L. Jospin et son envoi par fax en 2002).
N. Sarkozy a copié sur le J. Chirac de 1995, qui à l'époque avait annoncé sa candidature dans un entretien à la "Voix du Nord". Le 29 novembre 2006, N. Sarkozy a inondé la presse quotidienne régionale et départementale en s'adressant à 6 représentants de ces journaux.
Plusieurs remarques :
1- N. Sarkozy avait promis une surprise lors de sa déclaration de candidature. La surprise non préméditée vint du fait que le quotidien Libération annonça la nouvelle la veille sur son site ! Ce faux scoop, attendu depuis 2 ans, donna une impression de déjà-vu :
«il fait dans la com à la grand-papa» (P. Nicolle, de l'agence De la suite dans les idées)
"Sarkozy aurait gagné à se faire interviewer chez lui, et par le service public pour se placer au-dessus de la mêlée, plutôt que par des journaux de son choix.» (Jean Palmiéro, de l'agence Républic)
Extraits de Libération "Vrais ratés pour un faux scoop"
2- La stratégie de J. Chirac de se déclarer candidat en 1995 dans un quotidien régional avait un sens : pour remonter dans les sondages à l'époque, Chirac a misé sur le contact avec la "France profonde" pour ainsi se démarquer de Balladur.
Quel est le message passé par Sarkozy ? proche du peuple, de la province ?
Conclusion : pour créer la surprise, il aurait fallu sortir des schémas types. A l'heure d'Internet, une déclaration de candidature lancée depuis la Toile (via un "chat" en banlieue) aurait certainement eu plus d'impact qualitatif. Comme à son habitude, N. Sarkozy a préféré la quantité en s'appuyant sur son réseau d'affidés dans la presse.